Plusieurs candidats, lors de la récente campagne présidentielle 2007, ont mis le Travail en avant, et c'est une bonne chose car c'est le meilleur moyen d'intégration et de sortie de l'assistanat. Voici un texte que j'ai écrit en septembre 2005 et présenté, dans une version allégée, au café débat en janvier 2006. Même si, bien entendu, le gouvernement parfois évoqué ci-après n'est pas celui de M. Fillon, ni même celui de M. De Villepin, mais celui de M. Raffarin, ce texte a conservé toute son actualité (et pas seulement en cette "journée de solidarité"…) :
Le travail est-il une valeur ?
(ou "A-t-on besoin de réhabiliter la valeur travail ?")
Tout d'abord, précisons que je n'ai rien contre le travail. A un moment de ma vie je suis même devenu drogué du travail. Ce n'est pas une blague, cela existe ! Je pourrais vous en parler plus si vous le demandez.
Le travail est-il une valeur ?
Cette question, je me la suis posée quand j'ai entendu certains politiciens dire et ressasser : "Il faut réhabiliter la valeur travail". A les entendre, tous les maux français viendraient des 35 heures. Ces 35 heures auraient, selon eux, détourné les Français du travail et, à partir de là, la France se serait enfoncée dans les misères que l'on connaît.
Remarquons premièrement que les maux de la France (chômage, misère, baisse des niveaux sociaux etc.) viennent de bien avant les 35 heures. Tout cela vient des chocs pétroliers successifs (le premier date de 1973), de la rigueur salariale (commencée en juin 1982 pour freiner l'inflation) et, surtout, des dérégulations et de l'ouverture béante des frontières aux biens et services (particulièrement à partir de 1983), de la liberté pour les capitaux, et de la concurrence sauvage et mondialisée actuelle.
L'énorme problème est le travail qui ne se crée pas pour ceux qui en ont besoin et celui qui s'échappe ailleurs. C'est cela qu'il faut traiter.
Quant aux Français soi-disant "détournés de la valeur travail", je n'y crois pas. Selon un sondage, 79% des salariés français affirment éprouver de l'attachement pour leur entreprise. Des chômeurs dépriment de ne pas trouver du travail. Je connais trop de gens soucieux de la pérennité de leur emploi. J'ai également, hélas, trop vu de regard de détresse chez ceux qui viennent d'apprendre qu'ils sont sur la liste de ceux qui vont être jetés hors de l'entreprise (qu'ils considéraient, à tors, hélas pour eux, comme étant "leur entreprise").
C'est pourquoi les discours sur la nécessité de "revaloriser la valeur travail" m'horripilent profondément.
Par contre, il est indéniable que les Français prennent du recul par rapport à l'entreprise. Les cadres sont moins impliqués qu'avant. Les jeunes voient le travail différemment de leurs aînés : ils ne veulent plus se "sacrifier" pour l'entreprise ; le grand patronat récolte ce qu'il a semé : à "salarié jetable", "entreprise jetable".
Les jeunes ont trop vu leurs parents jetés comme des malpropres après de longues années de dévouement envers "leur entreprise". Les cadres d'exécution (je met de côté les cadres dirigeants qui font partie d'une autre catégorie), les cadres d'exécution, donc, sont hors des circuits de décision, pressés comme des citrons puis jetés afin de maximiser les profits. Quant aux ouvriers, il y en a de moins en moins…
Et cette catégorie de grands patrons qui se servent largement sur le dos des entreprises tout en décidant la rigueur salariale et les licenciements pour leurs salariés. Quel cynisme !
Quant à la journée dite "de solidarité"…
Rappelons les faits. Début 2003 le gouvernement bloque les crédits pour les personnes âgées, car il n'y a plus d'argent dans les caisses suite aux baisses d'impôts. Vient ensuite l'été 2003 avec la canicule que l'on connaît. Le gouvernement a tout d'abord voulu ignorer la catastrophe. Puis, voyant l'émotion populaire s'est sentit mal et a rejeté la faute de son inaction sur les familles et sur les 35 heures.
Le gouvernement a alors inventé la "journée de solidarité". Profitant de l'émotion populaire, le gouvernement a crée, en fait, un prélèvement supplémentaire sur le travail : 0,3% de la masse salariale ponctionnés sur les entreprises. Pour compenser, les salariés doivent travailler un jour de plus sans être payé plus. Cette mesure a un coût pour l'entreprise et pour le salarié, et ne donne pas de chiffre d'affaire supplémentaire pour l'entreprise (parfois même, le Chiffre d'Affaire est en baisse, c'est le cas notamment des entreprises qui sont dans le domaine du tourisme). Cela génère du chômage, estimé à 30 000 chômeurs de plus selon les économistes. Drôle de façon de "réhabiliter la valeur travail" !…
Et, sous couvert de donner de l'argent aux personnes âgées et aux handicapés, le gouvernement peut ainsi financer une partie de la baisse d'impôts des plus riches. Je n'ai rien contre les baisses d'impôts, pour autant quelles soient honnêtement partagées et quelles concourent au dynamisme économique, mais il faut les faire suite à une gestion saine, à une réforme de l'état et des collectivités locales, sans oublier le financement de la solidarité (personnes âgées, handicapés etc.), et pas en privant de rémunération ceux qui travaillent, pas en surtaxant les entreprises qui donnent du travail et certainement pas en générant du chômage !
Quant aux 35 heures accusées de tous les maux, rappelons simplement qu'elles ont crée ou sauvé 350 000 à 450 000 emplois selon les économistes (500 000 emplois selon Martine Aubry). D'après le PS, cette mesure s'autofinance d'elle-même : les baisses de charges, données aux entreprises pour compenser, sont remboursées par le surcroît de recettes et par la baisse des dépenses grâce à la baisse du chômage. De plus, les entreprises qui ont su bien utiliser la flexibilité permise par ces mesures y ont même gagné des gains de productivité et une meilleure organisation du travail.
Certains détracteurs des 35 heures disent : "On ne va pas interdire au chercheur de continuer à chercher car il a fait ses 35 heures." Bien sûr que non ! Nombreux sont les travailleurs qui sont "forfait jour" donc pas de limite horaire stricte. Et puis vous pensez vraiment qu'un cadre ou qu'un chercheur a une pendule dans la tête qui l'empêche de travailler sitôt 35 heures ou 40 heures passées ?
Combattons également une idée reçue. Les 35 heures interdiraient de travailler plus pour gagner plus. Les heures supplémentaires seraient interdites. Totalement faux. Les heures supplémentaires existent toujours avec les 35 heures. Ce qui a empêché d'avoir recours aux heures supplémentaires c'est le marché atone. Les chefs d'entreprises disent qu'ils n'ont pas besoin de recourir aux heures supplémentaires car ils ont déjà du mal à écouler leur production.
N'oublions pas également, que la réduction du temps de travail permet au salarié de mieux profiter de la vie, de mieux s'occuper de sa famille, de se cultiver, de pratiquer du sport etc. Tout un programme de société.
Je me souviens d'une émission télévisée (en 2005 ou avant) sur la "valeur travail" dans laquelle :
- le porte parole du gouvernement (Jean-François Copé) ainsi qu'un philosophe défendaient la "valeur travail",
- un socialiste (Julien Dray) et un syndicaliste (Bernard Thibault) défendaient la version inverse.
C'était un débat exemplaire. D'un côté deux théoriciens qui tentaient, sans y arriver, de démontrer que le travail est une valeur en soi et qu'il fallait le servir. Ils n'étaient d'ailleurs pas les mieux placés pour parler du travail. Au café débat, nous faisons de la philosophie comme un loisir, pour nous détendre. Un professionnel de la philosophie : que connaît-il vraiment du "vrai travail" ?
De l'autre côté, nous avions deux hommes pragmatiques. Ils n'étaient pas contre le travail. Julien Dray a même rappelé que, malgré ou grâce aux 35 heures, son parti avait augmenté globalement les heures travaillées en France lorsqu'il était au pouvoir. Le travail est utile pour créer des richesses, mais cela n'en fait pas pour autant un dieu à satisfaire. La vie doit aussi laisser la place à d'autres choses (famille, culture, loisirs etc.) Et puis il n'y a pas que le travail contraint qui est du travail, les loisirs permettent également de faire du travail utile : jardinage, bricolage, travail en association, aider les enfants à faire leurs devoirs, ménage, cuisine etc.
Au delà de cela, il y a deux conceptions de la société. Travailler plus pour consommer plus ? : quid du développement durable ? la planète y survivra-t-elle ?
Et puis, doit on se fixer comme but de l'existence de n'être qu'une machine à produire et à consommer ? La vie n'est-elle rien d'autre que cela ? "Etre ou avoir ?"…
Ne vaut-il pas mieux régler les véritables problèmes de pouvoir d'achat en faisant en sorte :
- que chaque ménage en âge de travailler ait au moins un travail,
- que le travail (de façon générale) soit correctement rémunéré afin de permettre de faire vivre convenablement sa famille,
- que le logement, la nourriture, la santé, l'éducation soient accessibles, comme c'était le cas, rappelons le, vers la fin des "trente glorieuses" et avec le plein emploi de cette époque ?
Rappelons également que travailler plus ne veut pas forcément dire gagner plus. La "journée de solidarité" en est un bel exemple : on travaille plus, sans être payé plus. Des entreprises font le chantage à l'emploi "travaillez plus et limitez vos prétentions salariales ou je délocalise". Les heures supplémentaires des cadres "forfait jour" ne sont pas payées. Certains petits patrons font énormément d'heures de travail et ne touchent même pas le SMIC. Le riche rentier gagne plus d'argent que le SMICard qui travaille. Les enseignants les mieux payés sont aussi ceux qui sont tenus à faire le moins d'heures de cours. De même nous travaillons moins que nos ancêtres tout en gagnant plus qu'eux grâce aux gains de productivité.
Les gains de productivité d'ailleurs, parlons en. Qu'en faire ? Plus de salaire, plus de temps libre, baisse des prix, plus de profits, moins d'emplois ? Harmonieuse répartition ou tout pour l'un au détriment des autres ? Les réponses que l'on donne à ces questions orientent le choix de société.
Est-il logique de demander à ceux qui ont du travail, et qui travaillent généralement beaucoup et sont pressés comme des citrons, de travailler encore plus, de se sacrifier à la "valeur travail", de sacrifier leur vie, leurs enfants, leurs famille, leurs loisirs ? alors que beaucoup de Français au chômage ne demandent que cela, de travailler. Sans compter ceux qui sont au temps partiel imposé qui souhaitent également travailler plus pour gagner plus, simplement pour sortir de la misère.
Il vous est peut-être arrivé de rentrer chez vous vers 22h30, après une grosse journée de travail et suite à une réunion importante, ou à un déplacement, et de trouver votre femme et vos enfants déjà couchés, et de dîner seul. N'avez-vous pas alors pensé aux nombreux chômeurs en vous demandant si ce système était logique ?
Précisons que ce n'est pas les 35 heures qui ont généré la limitation des débordements horaires dans certaines entreprises, mais l'inspection du travail qui, même avant les 35 heures, ont contrôlé et pénalisé les dépassements horaires de cadres hors des maximums légaux. Actuellement, nous sommes soumis par l'Europe à un plafond de 48 heures hebdomadaires (précisons que les 35 heures ne sont pas un plafond).
Et maintenant revenons à cette notion de "valeur travail" :
Qu'est ce que le travail ?
Le Larousse nous indique que le mot "travail" vient du latin "trepalium", instrument de torture !…
Toujours selon le Larousse, "travail" c'est :
- L'activité déployée pour faire quelque chose.
- Un ouvrage réalisé ou qui est à faire.
- Une activité rétribuée.
- L'un des facteurs de la production.
- L'activité de transformation de la nature, propre aux hommes, qui les mets en relation, et qui est productrice de valeur.
- etc.
Distinguons maintenant les différentes formes de travail.
Travail manuel et travail intellectuel sont bien sûr différents. Il ne faut cependant pas penser que seul le travail manuel est fatigant. Par exemple, le stress pour certains travaux intellectuels est parfois destructeur.
Il y a aussi le travail contraint et le travail libre. Le premier est celui que l'on fait pour gagner l'argent qui nous fait vivre. Le second est celui que l'on effectue pendant nos loisirs (qui ne sont pas toujours des loisirs lorsqu'il faut emmener les enfants à la danse, au sport, faire le ménage, les courses…)
Et les veinards qui ont le bonheur d'exercer un "métier passion" ! L'art de conjuguer l'utile et l'agréable !
Et puis ceux qui prennent leur métier comme un sacerdoce (certaines infirmières, les pompiers et autres)
Tout cela fait que nous avons des visions très différentes du travail. Quoi de commun en effet entre le travail d'un philosophe, d'un chercheur, d'un artiste et puis celui de l'ouvrier à la chaîne, de celui qui manipule le marteau piqueur ou encore de l'opératrice dans un centre d'appel ou du cadre stressé par les objectifs inatteignables et la peur de perdre son emploi ?
Karl Marx oppose le capital et le travail.
Cela nous renvoie à la notion de capitaliste et de travailleur. Alors qu'est ce qu'un "travailleur" ?
Selon le Larousse, le "travailleur" ou la "travailleuse" c'est :
- Une personne salariée, spécialement dans l'industrie.
- Une personne qui aime le travail, actif.
Selon d'autres sources, le qualificatif "travailleur" ne s'applique qu'à l'ouvrier, qu'au "manuel" excluant de fait les techniciens, administratifs, cadres, pourtant salariés.
Ces acceptions sont trop restrictives. Selon moi, un "travailleur" c'est celui qui vit de son travail et pas du revenu du capital. Cela inclus donc les salariés (public et privé), les travailleurs indépendants et même la plupart des chefs d'entreprises (ceux qui sont de véritables Entrepreneurs, créateurs d'emplois et de richesses).
Mais j'exclue de ce qualificatif :
- Les grands possédants qui, même si parfois ils sont chef d'entreprise et travaillent, ont une vision plus capitalistique de la vie qu'une vision de travailleur.
- Les grands patrons qui, même s'ils sont salariés, ont des salaires démesurés, des parachutes dorés, des possibilités de constituer un énorme capital : rien à voir avec le salarié qui n'a que son salaire pour vivre et faire vivre sa famille.
- Les "assistés professionnels". A la différence des personnes issues des rangs des travailleurs, mais qui, malencontreusement, ont perdu leur emploi et se trouvent dans la misère et qui, même s'ils sont aussi des assistés, font quand même partie des travailleurs, les assistés professionnels, eux, se trouvent très bien sans travailler. J'en connais. Ils ne cachent pas que leur situation leur convient. Est-ce critiquable ? On peut lancer un débat la dessus (bon sujet pour le café débat). Toujours est-il que je ne peux pas les classer parmi les travailleurs.
Vous avez compris que je classe les chômeurs parmi les "travailleurs" pour autant qu'ils recherchent effectivement à s'intégrer ou à se réintégrer dans le monde du travail.
Comment classer les retraités ? Cela dépend. Je suis d'accord pour les classer comme "travailleurs" lorsqu'ils ont encore conscience de ce que c'est que de devoir survivre grâce à son travail. On peut se poser la question pour ceux qui ont quitté le monde du travail il y a longtemps et qui n'ont connu que les "trente glorieuses" où tout était différent. Ces personnes ne se rendent souvent pas compte de ce qu'est travailler aujourd'hui et surtout chercher du travail ou chercher à conserver son travail. Cependant, on peu rétorquer qu'ils ont connu des conditions de travail parfois bien plus dures que les travailleurs actuels.
Ensuite, qu'est-ce qu'une valeur ?
Le Larousse nous indique qu'une valeur est :
- Une qualité physique, intellectuelle, morale de quelqu'un.
- La qualité de quelque chose digne d'intérêt, d'estime, de prix.
- L'importance attachée à quelque chose.
- Ce qu'une morale pose comme idéal ou norme.
- etc.
On parle aussi de valeur d'usage, valeur d'échange, de valeur ajouté (différence entre la valeur d'une production et celle des consommations ayant servi à la réaliser).
Autrefois, le travail n'était pas une valeur. Les catégories supérieures (nobles puis grands bourgeois rentiers) étaient supérieures au "bas peuple", justement parce que les membres de ces catégories supérieures ne travaillaient pas.
Les temps ont changé. Maintenant, le travail est présenté comme une valeur, valeur d'autant plus forte que trouver du travail est difficile.
Cependant bien des catégories supérieures actuelles tirent leurs revenus principalement de leurs capitaux (je pense aux capitalistes, aux riches rentiers…) mais aussi de situations privilégiées (c'est le cas de certains artistes, de certains sportifs, de certains élus, mais c'est aussi le cas de certains dirigeants de grandes entreprises avec des salaires sans rapport avec leur valeur ajouté pour l'entreprise, des "stocks options" et des parachutes dorés).
De même, à cause du chômage et grâce au traitement social du chômage, bien des gens vivent sans travailler. Cela trouble la perception de la jeunesse de la valeur travail. Sans parler de l'économie souterraine…
Et puis "valeur travail", cela fait penser à "travail, famille, patrie", valeurs prônées par le gouvernement de Vichy. D'accord, ce n'est pas parce que des organisations peu recommandables prônent des valeurs que ces dernières perdent leurs qualités. Mais restons vigilants tout de même. Lors de cette même période, il y a eu le STO (Service du Travail Obligatoire). Le travail est-il une valeur lorsqu'on le met au service de l'ennemi ? Le film, "le pont de la rivière Kwaï", pose bien le problème !
En conclusion, je ne sais pas réellement si le travail est une valeur ou pas. Mon texte est véritablement et volontairement introductif Je lance le débat. J'ai cependant quelques certitudes :
- le travail est un moyen, pas une fin en soit,
- ce n'est pas le travail qu'il faut revaloriser, mais le Travailleur, car je place l'humain avant les idées théoriques,
Autres certitudes :
- le travail permet de créer des richesses,
- le travail permet d'améliorer sa condition,
- le travail est un facteur d'intégration dans la société, et je suis persuadé que l'insécurité actuelle trouve son terreau dans le chômage (même si d'autres facteurs jouent également),
- le travail permet de se reprendre en cas de coup dur, car on peut se focaliser sur du concret, sur une tâche à accomplir et cela vaut tous les psychotropes du monde !
- par contre, il ne faut pas être esclave du travail, comme on dit : "il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler", c'est peut-être "bateau" de dire cela, mais c'est une philosophie tellement saine que je ne peux m'empêcher de la rappeler.
De plus, si notre société considère que le travail est une valeur, alors elle se doit de s'arranger pour fournir du travail à tous ceux qui le veulent.
Il est inhumain et cynique de prôner la valeur travail, et de culpabiliser ceux qui en sont privés, sans tout faire pour que le travail soit un bien raisonnablement accessible.