LES DELOCALISATION : POURQUOI ?
ACCEPTERIEZ VOUS DE JOUER AVEC DES REGLES DU JEU QUI NE SERAIENT PAS LES MÊMES SELON LES JOUEURS ?
Joueriez-vous, par exemple, au jeu de l'oie avec des règles différentes des autres joueurs et plus pénalisantes pour vous ? Par exemple vos points au dé seraient divisés par deux. Ceux d'un autre joueur seraient multipliés par trois. Pour un autre ce serait par dix. Et que le meilleur gagne…
Inconcevable non ?
Et pourtant c'est ce qui se passe pour nos entreprises soumises au "jeu" de la compétition internationale.
En France, les salaires nets (ce que touche réellement le salarié) ne sont pas très élevés.
Avec un salaire moyen, on a du mal à se loger. Et ne parlons pas de ceux qui sont en dessous !
Par contre, ce que paie le patron est très élevé, car les salaires nets sont chargés de prélèvements divers.
Pour un salaire brut de 100, le patron paie 150 et le salarié touche réellement moins de 80 (et c'est avant impôt sur le revenu…)
Ces prélèvements sont justifiés, me direz-vous, car ils financent notre protection sociale.
Je suis d'accord qu'il faut bien financer la protection sociale, mais peut-être faudrait-il voir si le financement actuel est le plus indiqué et voir également les effets de la concurrence internationale. Le financement actuel ne poserait pas de problème si toutes les entreprises en concurrence dans le monde étaient soumises au même régime.
Seulement voilà, nous sommes en compétition internationale et chaque pays applique sa règle du jeu.
Certains pays, comme la France, taxent lourdement le travail.
D'autres le taxent légèrement.
De plus, les niveaux salariaux sont très différents d'un pays à l'autre.
Nous avons un SMIC à 1 250 euros brut (980 euros net). Ce n'est pas beaucoup pour vivre. Mais dans les pays de l'Est, un salaire de 300 euros est un bon salaire. En Inde et en Chine c'est inférieur à 100 euros.
Et nous sommes en compétition !
Comment s'étonner que des entreprises délocalisent là où les salaires sont moins élevés ?
Et ce n'est pas toujours pour faire des superprofits. C'est parfois tout simplement pour survivre !
Les transports internationaux ne sont pas élevés eut égard aux différentiels de coût de main d'œuvre. De plus, les droits de douane européens sont négligeables et les plus bas de la planète.
Quand, en Chine et en Inde, en plus des salaires très bas, vous avez de la main d'œuvre bien formée, qui ne revendique pas, qui n'a pas de vacances et travaille 70 heures par semaine. Que vous avez à votre disposition des armées d'enfants affamés que vous pouvez exploiter également. Qu'il n'y a pas de réglementation contraignante ni sur le social, ni sur l'environnement. Bref qu'il y a tout ce qu'il faut pour attirer les investisseurs, alors comment s'étonner des délocalisations ?
Il y a les délocalisations qui se voient et celle qui ne se voient pas. Celles qui se voient sont celles des usines qui ferment dans les pays socialement avancés et qui rouvrent dans les pays à bas coût de main d'œuvre. Mais il y a aussi les autres. Celles que l'on ne voit pas et qui sont pourtant les plus nombreuses. C'est lorsque l'activité se crée directement dans ces pays pendant que de nombreuses entreprises font faillite en France en mettant sur le carreau des cohortes de futurs miséreux.
Quelles sont les réponses à donner à ce phénomène ?
La réponse des ultra-libéraux est : "il faut être compétitifs".
Donc on commence par remettre en cause les 35 heures, puis les 39 heures puis les 48 heures (ils sont là bas à 70 heures, donc…)
Remise en cause des vacances, des WE, des "avantages acquis"…
"Modération salariale". Mais ils sont à moins de 100 euros par mois quand nous sommes à 1 500 euros, donc…
Ce n'est pas "travailler plus pour gagner plus", mais bien "travailler beaucoup plus pour gagner beaucoup moins".
Et la course ne sera pas finie, car les autres pays réagiront également en écrasant davantage leurs salariés pour rester en tête.
Et on sera perdant dans cette course au "moins disant", car notre pays a des hivers froids. Donc pour survivre, outre l'eau et la nourriture, il nous faut des vêtements chauds et du chauffage, ce qui n'est pas impératif dans d'autre pays, ce qui leur procurera un avantage compétitif ultime en dernier ressort.
Certains vont me parler de division internationale du travail.
Les Chinois feraient le textile quand nous ferions les Airbus.
Déjà l'on peut dire que tous les ex salariés du textile ne seront pas employables chez Airbus.
De plus, Airbus implante des usines en Chine. Nous pouvons estimer que la Chine sera capable de commencer à concurrencer Airbus et Boeing d'ici une dizaine d'année seulement.
Il n'y a pas de secteurs réservés dans le monde. La Chine et l'Inde sont prêts et capables d'investir tous les marchés.
Nous avons déjà de la misère et un chômage de masse depuis plus de vingt ans. Qu'en sera-t-il demain ? Quel avenir pour nos enfants ?
Nous pourrions penser que nous sommes protégés par notre avance technologique.
Ce sera de mois en moins vrai. Les usines qui s'implantent en Chine sont de plus en plus modernes et dans les hautes technologies.
De plus en plus de centres de recherches s'implantent en Inde.
L'Inde et la Chine ont de plus en plus d'ingénieurs.
La France n'investi pas assez dans la recherche et le développement, et les découvertes Françaises ne sont pas exploitées comme il conviendrait pour le bénéfice de la France.
Pour les élections présidentielles, je regarderai prioritairement si les candidats ont des réponses réelles et crédibles au problème fondamental de la mondialisation de concurrence ultra-libérale. Tout le reste en dépendra, car on ne pourra rien construire réellement sur la ruine de notre pays.
Je ne préconise pas l'arrêt de la mondialisation et ne prône pas de "ligne Maginot" (argument usé abusivement par les ultra-libéraux, en panne d'argument, quand ils veulent dire "circulez, il n'y rien à voir")
Je ne prétends pas non plus être le seul à avoir la solution.
Je préconise l'application de droits de douane modulés (en compensant la perte de pouvoir d'achat inhérente par l'augmentation des salaires nets, des retraites et des minimas sociaux, financée par l'argent des droits de douane). Je préconise également la TVA modulée (idée de DSK hélas non retenue par le PS). Mais, là aussi, il faudra compenser la perte de pouvoir d'achat de la même façon que je l'ai proposé pour les droits de douane modulés.
Certains proposent les quotas. Je n'y suis pas favorable. Par exemple l'Europe a appliqué des quotas sur le textile Chinois, ce qui n'a pas empêché les entreprises Françaises de ce secteur d'être en difficulté. Quand l'Europe a levé les quotas, cela a déséquilibré bon nombre d'entreprise (dont celle du frère de Nicolas Sarkozy) et a mis en difficulté des entreprises textiles de pays comme la Tunisie. L'Europe a ensuite ré appliqué des quotas, ce qui eut pour effet de bloquer des textiles déjà commandés et dont les entreprises avaient besoin…
Un peu chaotique comme système non ?
Je préfère une régulation intelligente et lissée dans le temps afin de donner de la visibilité et de la stabilité aux entreprises tout en améliorant la situation des êtres humains dans le monde et en sauvegardant la planète ainsi qu'en bâtissant les conditions de la paix dans le monde.
Si vous avez vous aussi des solutions, je suis prêt à les étudier avec intérêt.
Jean-Marc